Ces écrits sont ceux d’une femme.
Des femmes, par milliers, écrivent.
A mes textes font défaut équarrissage, scènes d’exposition, cohérence dans l'arc dramatique que sais-je. Des silences. Une logique.
C’est que je suis pressée. J’écris. Je tâche de jeter dans l’acte d’écrire le suc de mon imaginaire. Le reste est détail. Un éditeur, un metteur en scène seront en mesure de pointer du doigt les failles.
L’écrivain soupire, tire la chaise à lui, trempe les lèvres dans un café. Il écrit.
D’autres personnes, peut-être vous, affirmeront que la réécriture d’un texte est aussi essentielle que l’acte premier d’écrire, acte prosaïquement dénommé premier jet.
Je tiens pour sacré le fil tendu, hic et nunc, entre l’imaginaire et la corporéité d'écrire. Ne suffit-il pas, ensuite, d’épousseter, de défricher, d’insérer une scène d’exposition ?
Je m’efforce, au fil du temps, d’être attentive aux lacunes de l’hirsute. L’enfant saute dans la flaque malgré l’interdit, l’enfant a un corps, le corps se réjouit de faire pleuvoir à l’envers.
L’anarchie a du bon.
Parfois l’anarchie désarçonne. L’anarchie met en colère.
Sans doute mon goût de l’anarchie détournera-t-il des lecteurs de mes pièces.
Le talent, c’est avoir envie de faire quelque chose. Brel le dit.
J’ai envie de montrer.
Tant que l’envie nous habite, il y a un chemin. Ne justifions pas nos envies. Une envie n’est conforme à nulle autre. Dans envie il y a vie.
Hier, 20 heures, je traversais la capitale embouteillée.
Les gens que nous sommes ne vont plus au théâtre. Difficulté de se parquer, froid, agressions, fatigue. Aussi réinventerons-nous le droit de nous distraire ensemble dans nos maisons, dans nos quartiers. Le théâtre sera joué au cœur du familier. Les gens prendront le risque de recevoir d’autres gens. Il y aura de la musique, du pain au levain, le chapeau circulera. D’une manière ou d’une autre, pour que le Théâtre ne meurt pas, les gens qui l’aiment devront, à l’instar des auteurs, devenir les artistes qu'ils sont.
Pour ce qui est du roman, ah. Donner un bonheur. Donner c'est devenir pauvre. Être riche de la joie d'un autre. Y être pour quelque chose.
On appelle ça amour, non ?
On appelle ça réussir une vie.
J'ai à faire contre mes démons.
J'aime la joie.
Vous?
Mardi 17 août 2010, 12h30